Migrants, traiter le problème à la source

Valeurs actuelles 21 mai 2015

« Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde ».

Evidemment. Personne n’a les capacités de le faire.

S’il est parfois bon de rappeler des évidences, cette lapalissade-ci emprisonne toutes réflexions et tous débats sur le drame de l’immigration clandestine depuis des années.

Des généreux d’un bien qui ne leurs appartient pas aux hâbleurs tartuffes, nos gouvernants surfent sur le sujet, se gardant bien de sortir de cette ligne garante de leurs étiquettes idéologiques périmées.

Ce problème ne peut se poser en ces termes et encore moins se résoudre d’un claquement de doigts.

Ces naufrages nous révoltent tous mais ces embarcations funèbres ne sont pas les premières et risquent de ne pas s’estomper si l’on dédaigne de s’attarder sur les racines de cette tragédie.

Le problème de la sécurité en Méditerranée, avec ses deux rives religieusement opposées, n’est pas neuf. Il est même très ancien.

La colonisation de l’Algérie par la France en 1830 a commencé comme ça, pour détruire enfin la piraterie qui infestait la Mare nostrum depuis des siècles, avec son cortège d’esclaves et de trafics.

Si les termes ne sont pas les mêmes aujourd’hui, et il ne saurait s’agir de recoloniser l’Afrique du nord.

Cependant, les vagues de migrants dont l’intensité a crû ces derniers mois, en partance de Libye principalement et vers les côtes italiennes, reposent avec acuité la question des rapports intra-méditerranéens et, plus loin, celle des rapports de l’Europe avec l’Afrique.

Ce à quoi l’on assiste en Libye, où se conjoignent les intérêts terroristes des djihadistes et les intérêts pécuniaires des passeurs ne représente qu’un déplacement géographique de la vague de migration.

Jusqu’il y a peu, c’était par le Sahara occidental, les Canaries et les enclaves espagnoles au Maroc que débarquaient les clandestins.

Si la situation a changé, c’est outre le chaos libyen unanimement décidé par nos gouvernant, qu’il existe des solutions pour endiguer le flux, au moins localement. Ainsi, dès le début des années 2000, l’Espagne a signé des accords de coopération avec le Maroc et d’autres pays africains du littoral atlantique et mis en place des patrouilles en mer communes.

Un succès : aujourd’hui, il y a moins de 200 migrants par an qui prennent encore cette route de Méditerranée occidentale.

En réalité, si les naufrages nous touchent, les trois quarts des clandestins en Europe arrivent par avion, le plus souvent munis d’un visa. Une fois celui-ci expiré, les personnes restent sur le sol européen. Il y a donc des flux continus, et c’est à leur source même qu’il convient de les tarir.

Deux questions conjointes se posent donc à l’Europe : comment rétablir des structures politiques dans les pays pourvoyeurs de migrants, de façon à y stabiliser les populations ?

Et comment refondre la politique d’accueil de l’Europe même, qui fonctionne aussi comme une pompe aspirante, laissant croire aux migrants qu’ils y gagneront le paradis ?

Certains réclament une politique de défense plus agressive de la part de l’Union européenne, notamment pour bloquer les bateaux dès les ports libyens. Pourquoi pas ?

Mais l’on ne fera que retarder la solution du problème, dont les racines sont bien plus lointaines.

Elles se trouvent en Afrique noire où de fait, l’Europe a abandonné toute politique de coopération cohérente et structurée.

Et un à un, les pays de la bande sahélo-saharienne, depuis le Mali jusqu’à la Somalie, basculent dans le chaos ou sous la botte islamiste.

Partout, faisant fonds sur la fragilité des régimes locaux, les fondamentalistes musulmans  utilisent la même technique de terreur, qui consiste à dépeupler à terme les provinces, pour qu’il n’y reste que les musulmans, créant donc les conditions favorables à l’exil vers une terre plus accueillante.

Le terrorisme musulman vient donc se superposer à la pauvreté économique déjà présente dans nombre de ces pays. Et en tous lieux, les chrétiens sont les premières victimes : depuis ces migrants qui auraient été passés par-dessus bord par leurs compagnons d’infortune, au motif qu’ils étaient chrétiens jusqu’à ces Ethiopiens exécutés par Daesh en Libye pour le même motif, après les Coptes qui avaient subi le même sort.

Au Kenya, le 2 avril, le massacre de Garissa est venu confirmer cette triste réalité : les Chebabs venus de Somalie ou recrutés dans la population locale déshéritée ont trié les étudiants, mettant d’un côté les musulmans, de l’autre les chrétiens. Le but est atteint : les chrétiens fuient Garissa. Selon le porte-parole des Chebabs, l’attaque de l’université se justifiait parce que « c’est un plan pour répandre le christianisme et l’infidélité ». Le discours est clair.

Au Niger, une attaque du groupe islamiste Boko Haram samedi 25 avril aurait coûté la vie à une cinquantaine de soldats basés près du lac Tchad.

Au Tchad même, le président pourtant puissant Idriss Déby se montre très inquiet.

Alors qu’il a déjà affaire à la Libye et à Boko Haram, des troubles dans le sud du pays, notoirement dominé par le nord, mais où se trouve le pétrole, ont fait récemment un mort.

Alors que le régime d’Idriss Déby assure un semblant de stabilité dans la région, il serait dramatique qu’une rébellion se déclenche à l’intérieur du pays.

Au Soudan du Sud, depuis un an et demi, une guerre tribale sévit qui plonge le jeune pays dans une situation humanitaire dramatique.

En Erythrée, dont le terrifiant régime, qui ne peut être comparé aujourd’hui qu’à celui de la Corée du nord pour l’usage de la torture, la population sous les armes et la coupure avec le reste du monde, d’après le Haut Commissariat aux réfugiés, ils sont plus de 220.000 à avoir fui depuis 2011, soit 5% de la population. Chaque mois, 3000 jeunes Erythréens, garçons et filles, traversent la frontière éthiopienne.

Un évêque local a récemment parlé de « dépeuplement ».

Ainsi se conjuguent misère, instabilité politique et terrorisme islamique pour mettre à feu et à sang la moitié de l’Afrique.

Il est temps que le monde, et l’Europe au premier rang, s’en préoccupe et prenne les moyens nécessaires avant que la Méditerranée ne devienne la patrie de la misère humaine.

Charles Millon, ancien ministre,




La Russie de Vladimir Poutine

La Russie de Vladimir Poutine n’est pas morte, elle n’est pas non plus à genoux comme on le prévoyait.
Grand bien lui fasse.

Quoi que l’on pense de ce régime, de la direction qu’il prend, de ses tares visibles ou de sa fragilité, l’Europe est obligée, plus que jamais, de prendre en compte l’existence de ce pays-continent qui est redevenu un acteur majeur du jeu géopolitique ces dix dernières années.

Du Cap Nord au Détroit d’Ormuz, son influence se fait sentir et il est à prédire que sans son accord et son influence, les innombrables conflit qui parsèment le monde et particulièrement le Proche et le Moyen Orients ne trouveront pas de résolution heureuse.

La chute du rouble en novembre dernier, à travers laquelle on nous prédisait l’effondrement de l’économie russe, a été stoppée net, et la monnaie est au contraire remontée ces dernières semaines de façon extraordinaire.

De même, les cours du pétrole, encore bas, ont cependant cessé de baisser.

De bonnes nouvelles pour la santé de l’économie russe qui repose principalement sur l’exportation de ressources naturelles, même si les capitaux continuent de fuir le pays. Mais ceux qui donnaient Poutine pour mort en sont pour leurs frais.

C’est pourtant d’abord sur le plan diplomatique et militaire que la Russie triomphe. L’annexion de la Crimée, quoiqu’elle n’ait pas été reconnue par l’ensemble de la communauté internationale, est admise de fait, à l’image de l’Ossétie du sud.

En Ukraine, la trêve mise en place depuis le 15 février, après les accords de Minsk 2 signés trois jours auparavant, est certes régulièrement rompue par des accrochages sporadiques, les belligérants se faisant porter naturellement les uns les autres la responsabilité, mais le cessez-le-feu est globalement respecté.

Pour l’instant, Kiev a entériné le fait que les régions sécessionnistes de l’est échappaient à son contrôle.

Et, alors que le pouvoir de Poutine est plus assuré que jamais, son ennemi ukrainien doit faire face à des divisions internes : « Un nouveau Maїdan sera bien différent des précédents.

Les gens ont tellement d’armes dans les mains que personne ne va pas attendre un mois ou deux dans les tentes, en chantant et en agitant des lampes de poche.

Et c’est bien ce que nous voulons éviter », déclarait récemment Dimitri Iaroch, le leader de Secteur droit et président de la Rada. Kiev, qui tient sous perfusion occidentale, n’a cependant pas remisé son idée de revanche.

Ainsi, l’on apprenait ces dernières semaines que 300 parachutistes américains entraîneraient les 900 membres de la Garde nationale ukrainienne.

De l’autre côté, on soupçonne fortement au moins deux brigades parachutistes russes d’avoir participé à la guerre en soutien des séparatistes, et d’être toujours présentes sur le terrain.

Si dans ce conflit qui a fait 6000 morts en un an, les armes se sont tues, c’est certainement très momentané.
Elles n’attendent qu’un incident pour parler à nouveau.

Partout en Europe, ainsi les incidents ou provocations se multiplient depuis des semaines entre militaires russes et forces de l’OTAN.

Les Etats-Unis ont protesté contre l’interception « dangereuse » d’un avion de reconnaissance américain au-dessus de la Pologne.

La chasse au sous-marin nucléaire russe en Mer Baltique qui semble avoir été le fruit d’une paranoïa, rappelait celles de la guerre froide et mettait en colère la Suède.

L’interception de deux bombardiers russes survolant la Manche avait mis à cran le Royaume-Uni qui a intercepté ces vols.

Et en Méditerranée, la présence de navires russes s’est accrue. La Pologne a, en outre, construit ce mois-ci six miradors sur les 200 kilomètres de frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad. Ils devraient être opérationnels en juin prochain.

L’Europe semble revenue au temps de la guerre froide, terrain de jeu inerte dans le conflit d’influence des grandes puissances.

L’Ukraine a augmenté ses dépenses militaires de 20% l’an dernier et prévoit de doubler cet effort cette année. Au palmarès des augmentations de budget de défense, la Pologne arrive deuxième avec 13%, juste devant la Russie avec 8% et la Lituanie qui accroît son budget d’armement de 6%.

Mais les dépenses militaires ne sont pas le seul indicateur de la crainte des pays voisins à l’égard de la Russie. Après avoir interrompu toute coopération pratique avec la Russie, l’OTAN, l’organisation de défense des Occidentaux, a décidé au sommet de Newport en septembre 2014, de l’instauration d’une force rapide d’intervention, après l’annexion de la Crimée.

Des manœuvres de cette force de réaction ont eu lieu en République tchèque et aux Pays-Bas. Elles ont impliqué 900 soldats allemands, 200 néerlandais et 150 Tchèques dans leurs pays respectifs pour se rendre à un point d’embarquement dans les aéroports afin de tester un déploiement de force en quelques dizaines d’heures à destination des Pays Baltes.

Un autre exercice baptisé Noble Jump 2, est programmé en juin à une échelle plus grande, avec le déploiement de troupes alliées en Pologne.

Le président estonien réclamait même ce lundi une présence permanente de troupes de combat de l’OTAN dans les trois Pays Baltes.

Même l’Allemagne a décidé de réagir au relèvement de l’état d’alerte dans l’Alliance atlantique en réintégrant dans ses forces de l’armée de terre.

Une centaine de chars seront modernisés à partir de 2017 pour atteindre les 328 chars Léopard II prêts au service, au lieu des 225 actuels.

Kiev enfin a répété que sa stratégie prioritaire de défense était bien de rejoindre l’OTAN, malgré la réticence de pays comme l’Allemagne ou la France, qui y voient comme la Russie, un facteur d’aggravation des tensions.

Sur le plan économique, « l’Agence pour la modernisation de l’Ukraine », née sous l’impulsion de Bernard-Henri Lévy notamment, prévoit de réunir 300 milliards de dollars dans un fonds d’investissement.

Elle prévoit aussi de moderniser le système de santé du pays avec l’aide de l’inévitable French Doctor Bernard Kouchner.

Mais du côté russe aussi, on s’active : ainsi la politique d’investissement en Grèce, en cours d’élaboration avec Alexis Tsipras, renoue avec les fondamentaux de l’histoire longue, celle des peuples de culture orthodoxe.

Encore une fois, l’Europe paraît coupée en deux.

Il y a aussi Chypre, avec qui le président Vladimir Poutine entretient d’excellentes relations, notamment militaires.

Et aussi la Hongrie, à travers notamment le « Turkish Stream », nouveau gazoduc imaginé par la Russie pour remplacer le South Stream avorté, et contourner l’Ukraine et la Bulgarie : traversant la Mer noire, ce nouveau tracé rejoindrait la frontière gréco-turque, d’où il pourrait arroser l’Europe par le biais de la Serbie, de la Macédoine et de la Hongrie.

Enfin, au Proche Orient, la politique d’équilibre avec la Syrie et l’Iran que prônait Vladimir Poutine depuis des années, pour contrer le radicalisme sunnite commence à montrer son efficacité.

La levée des sanctions contre l’Iran laisse présager d’accords, officiels ou non, des puissances occidentales avec la Syrie de Bachar El Assad pour lutter contre l’Etat Islamique.

Les Russes préservent ainsi leur base de Tartous en Syrie, et s’apprêtent à honorer leurs anciens accords avec l’Iran en lui livrant des missiles S300.

Le drame vient encore une fois de l’inertie de la diplomatie européenne, qui semble toujours à la traîne.

Il aura fallu que les Etats-Unis décident de discuter avec l’Iran pour que l’Europe l’accepte.

De même, demain, les chancelleries de Paris, de Berlin et de Londres accepteront certainement de renouer avec Assad si le grand protecteur américain le juge bon.

Mais l’impossibilité du dialogue européo-russe est plus grave, parce qu’il s’agit de deux grandes civilisations contiguës, dont les histoires se recoupent.

Parce qu’on n’a pas fait hier l’Europe culturelle, on récolte des querelles économiques.

L’Europe doit revenir à une vraie hiérarchie de ses priorités. Il est temps de créer enfin des échanges culturels et universitaires avec la Russie, pour renouer le dialogue sur des bases sûres et équilibrées.




Chrétiens d’Orient : mourir pour sa foi

Cent cinquante étudiants sont massacrés par des islamistes radicaux dans une université du Kenya.

Les médias évincent volontiers ce fait essentiel : les assassins ont séparé les Chrétiens des Musulmans, pour ne s’acharner que sur les premiers et laisser partir les seconds.

Les étudiants qui s’avouaient chrétiens, sachant ce qui les attendaient, étaient donc des martyrs au sens strict.

On ne se demande pas ce qu’un fait de cette importance signifie dans le monde contemporain : mourir pour sa foi.

On s’exténue à se demander ce que signifie tuer pour sa foi.

Mais mourir pour sa foi : on n’en parle pas – les témoins/martyrs (c’est le même mot) sont ignorés : on les plaint d’être mort, on aurait peur d’admirer leur geste.

C’est que cela pourrait inciter certains à admirer les Chrétiens.

La RATP interdit une affiche de concert au bénéfice des Chrétiens d’Orient –prétextant la défense de la laïcité : mais si le concert avait eu lieu au bénéfice des juifs de l’hyper-casher ? de Musulmans tués sur un campus aux États-Unis ?

Que dirait-on à la RATP ? On se demande si la laïcité n’a pas bon dos pour ignorer la persécution des Chrétiens d’Orient.

Est-il interdit de dire que ce sont précisément les Chrétiens qui en tant que tels sont tués en Orient ?

Faut-il les appeler autrement parce qu’on n’a plus le droit de considérer les Chrétiens comme des victimes ?

Jusqu’où va-t-on aller et assister sans bouger au massacre des Chrétiens ? Ce sont nos frères.

Ce sont leurs pères qui ont permis le rayonnement de notre civilisation chrétienne.

Ce sont eux qui nous ont permis de vivre en dignité et en sécurité.

Sommes-nous assez lâches pour les abandonner ?

Le monde a pour devoir de les sauver car sans le christianisme, pouvons-nous encore garantir la paix, la dignité et la liberté de chacun ?




Le Pape devant l’Europe et le monde

On aurait tort de recevoir les deux discours du Pape François le 25 novembre dernier, devant le Parlement européen et le Conseil de l’Europe, comme des allocutions anecdotiques et circonstancielles.

Tort aussi de penser qu’elle s’adressait exclusivement aux citoyens européens et à leurs représentant.

Le souverain Pontife y dessine une perspective géopolitique pour le monde entier,à charge pour les gouvernements et les institutions internationales de l’appliquer.

Certainement, le pape n’a toujours pas de divisions, selon le bon mot de Staline : cela n’empêche pas la diplomatie vaticane de demeurer l’une des plus influentes du monde, comme le premier pas vers une réconciliation entre Cuba et les Etats-Unis vient de le prouver.

C’est même sans doute cette absence de puissance matérielle, cette « politique de la faiblesse », qui constitue le cœur du succès de cette géopolitique catholique.

Les discours de François ont eu pour but, en effet, de rappeler aux instances européennes, mais aussi aux puissants du monde entier, la nécessité du recours à une vraie universalité pour parvenir à organiser autrement la planète.

Il s’agit selon lui de « maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi de ce moment historique, en évitant que leur force réelle – force politique expressive des peuples – soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. »

Le pape conteste ainsi formellement la croyance, bien ancrée depuis plusieurs siècles dans l’esprit des occidentaux,et croyance que l’accélération de la mondialisation a décuplé ces dernières décennies, en une humanité que le seul « doux commerce » unirait et rendrait fraternelle.

C’est une critique adressée, certes, à l’union européenne actuelle qui s’est fondée sur une monnaie et un marché unique, au risque de détruire les économies nationales et locale, mais aussi aux grands ensembles prométhéens qui tentent de se constituer partout sur le globe, comme ce Traité transatlantique que négocient Europe et États-Unis : « On constate avec regret, affirme-t-il sans détours, une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique ». Ce qui induit selon lui une destruction générale des rapports humains.

Il ne faut pas considérer les paroles du Saint-Siège comme relavant seulement d’une question morale, que l’on pourrait admettre ou refuser de manière privée : elles ont aussi une portée générale, c’est-à-dire politique, et concernent à ce titre tout le monde.

Notamment quand il assure que l’on assiste à « une revendication toujours plus grande des droits individuels, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (μονάς), toujours plus insensible aux autres « monades »présentes autour de soi », les implications sociales et politiques de cette situation, si elle est vraie, sont vertigineuses et dramatiques.

Dans le sens où l’on subit une dénaturation de la démocratie, non plus conçue comme ce régime capable de protéger les minorités, mais seulement comme une puissante machine à satisfaire les désirs uniformes des masses.

Ainsi, « si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences » :ce que l’on constate notamment dans le développement planétaire de l’islamisme, dont l’État islamique constitue le cas d’école.

Liberté est donnée à une idéologie d’appliquer aveuglément ses conditions totalitaires, au détriment des minorités présentes.

« Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? », demande François.

Et la démocratie libérale déchue se trouve dans l’impossibilité de répondre à cet état de fait qui pourtant la nie complètement parce qu’elle a oublié qui elle était et d’où elle venait.

Le discours du Pape est éclairant, géopolitiquement, en tant qu’il arrive à lier harmonieusement vocation universelle de l’Europe et respect des identités.

« Je suis convaincu, dit-il, qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident ».

Alors que le terrorisme islamique déferle partout, notamment en Europe, cet appel à une connaissance neuve de ce qui nous fonde exige une réponse.

Réponse non pas égoïste, d’un nationalisme qui se renfermerait derrière une identité pure fantasmée, mais réponse ouverte et constructive, généreuse, parce qu’« à côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement.

Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ».

La destinée de l’Europe, que l’on a tendance à oublier, est certainement de « prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes », et de répondre « aux nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde ».

Mais voilà qui exige, au-delà des paroles, une intelligence de la situation géopolitique mondiale actuelle.

Par exemple, l’alignement complet de l’Europe sur la politique de puissance américaine répond-il à cette demande de complexité ?

Certainement non, comme les cas ukrainien, syrien et libyen l’ont montré.

L’acharnement unilatéral contre le régime de Bachar el Assad a durablement aveuglé nos gouvernants qui n’ont pas vu que derrière lui, et contre lui, il y avait pire ; la mise au pilori de Vladimir Poutine a réduit l’Union européenne au rang de valet pusillanime des intérêts américains en Ukraine ; l’attaque irréfléchie de Mouammar Kadhafi a in fine libéré des forces délétères dans toute l’Afrique que nous sommes maintenant incapables de contrôler.

Où l’on voit que l’oubli de la complexité du monde, et notamment des minorités qui le composent, comme les chrétiens d’Orient, la réaction épidermique et simplette sous l’aiguillon médiatique, sont des trahisons de l’esprit européen de mesure et de protection des faibles.

Les discours du Pape François, s’ils étaient écoutés et pris en compte, pourraient constituer l’amorce d’une reconstruction des rapports sociaux internes aux nations occidentales, où la subsidiarité, la question des limites seraient réellement prises en compte ; mais aussi d’une « nouvel ordre »du monde plus équilibré, et enfin réellement humaniste.

Publié par Charles Millon · 6 février 2015, 10:43




Charles Millon : « Le retour d’un service militaire est impossible »

Charles Millon : « Le retour d’un service militaire est impossible »

INTERVIEW

lefigaro

– Ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac (1995-1997), Charles Millon est à l’origine de la suppression du service militaire qui fut entérinée ensuite par la gauche. L’ancien élu de centre-droit évoque le débat autour de la création d’un nouveau service national, demandé par des élus de gauche comme de droite et qui devrait être évoqué par François Hollande jeudi.

Souhaitez-vous le retour d’un service national en France?

Si l’objectif est d’aider à l’éducation des jeunes Français – qu’ils soient d’origine immigrée ou non -, cela doit se passer davantage dans les familles, dans les mouvements d’éducation populaire ou dans les écoles plutôt qu’à travers un service qui serait à reconstituer. L’éducation nationale, en racontant l’histoire de France, doit déjà permettre de renforcer les liens entre les Français et leur pays. Cela me parait plus sage que d’inventer un système qu’on n’arrivera pas à mettre en œuvre.

Faut-il redonner à cet engagement un caractère militaire?

Ce service ne peut pas être militaire. Cela me parait difficile à mettre en œuvre, sinon impossible. Et il n’y a plus aucun pays au monde, en dehors de ceux en situation de guerre ou qui ont des régimes totalitaires, qui aient encore un service militaire.

Certains nostalgiques peuvent regretter le brassage social que permettait le service militaire…

Ceux qui disent cela ne connaissent pas le problème. Quand on a supprimé le service militaire, 15% des appelés issus du bas de l’échelle sociale étaient déjà exemptés parce qu’ils ne parlaient pas suffisamment bien français et n’avaient pas de formation suffisante. Les 15% de l’échelle du haut étaient peu inquiétés car ils pouvaient obtenir des postes importants dans l’armée. Donc le brassage… Je dis cela d’autant plus qu’à l’époque où j’ai été nommé ministre de la Défense, j’étais très favorable à la conscription. Mais après trois mois de travail, on a constaté que le service militaire coûtait extrêmement cher et qu’il faisait obstacle à la mise en œuvre d’une armée professionnelle.

« La France a la maladie de vouloir toujours instaurer quelque chose d’unique »

Cette réforme a-t-elle été difficile à mener?

Non. Mais on aurait voulu mettre en place une plus grande réserve militaire, de plusieurs centaines de milliers de personnes, comme aux Etats-Unis. On aurait également espéré qu’un service civique puisse se développer parallèlement mais avec le changement de gouvernement en 1997, cela n’a pas été possible.

Faut-il néanmoins aller plus loin que le service civique en place depuis 2010?

Le service civique peut avoir des formes extrêmement multiples. Il y a des dizaines, des centaines, des milliers d’initiatives qui peuvent être prises. On peut nettoyer les forêts ou réhabiliter des vieux bâtiments. Certains préfèreront rester dans leur village, d’autres aller à l’étranger. Que l’Etat permette aux jeunes de poursuivre un idéal et que la collectivité publique créée les conditions pour porter cela me paraitrait plus intelligent.

Doit-on rendre ce service obligatoire?

C’est impossible! S’il était obligatoire, quelles seraient les sanctions infligées à ceux qui ne le font pas? Allons-nous les mettre en prison? Ce serait aberrant. Même les différents responsables associatifs ne voudraient pas de jeunes qui viennent travailler contre leur gré.

Faut-il indemniser ce service?

Il faut voir cela au cas par cas. Certains voudront être indemnisés pour préparer la suite de leurs études, d’autres préfèreront vivre la pure aventure et ne rechercheront pas forcément une rémunération. La France a la maladie de vouloir toujours instaurer quelque chose d’unique, uniformisé à tous et qui s’avérera en fait inadapté à 95% des personnes.

Arnaud Focraud – leJDD.fr

mercredi 04 février 2015




« Charlie »: école, service militaire… Il n’y pas de solution miracle. Il faut tout revoir

D’autres – comme Charles Millon – s’opposent à ce retour du service national, arguant, dans une interview donnée au Figaro.fr, que la France, tout comme la grande majorité des autres pays démocratiques, n’a plus d’armée de conscription mais une armée de métier, le plus souvent appelée sur des opérations extérieures, ces fameuses « opex » au mali, en Afghanistan ou ailleurs.

Millon rappelant aussi l’hypocrisie d’un système qui épargnait les « 15 % de jeunes d’origine étrangère », « les 15% de planqués du haut » et les 70% restants qui faisaient tout pour être exemptés, planqués ou tout au moins le plus près possible de chez papa-maman.

Charles Millon, ministre de la Défense à l’époque de la suppression du service militaire obligatoire, conclue que ce n’est pas à l’armée de faire le boulot de l’école ni aux militaires de servir d’éducateurs spécialisés et qu’on « ne peut pas croire qu’en augmentant le nombre de soldats, on va gonfler le patriotisme français ». Il propose plutôt une armée de réserve élargie sur la base du volontariat et le subventionnement des mouvements d’éducation populaire.

« Tous ces jeunes qui cherchent des ‘petits boulots’ pendant l’été, envoyons-les nettoyer les forêts, restaurer les monuments historiques en ruines, ou partir à l’étranger faire du co-développement ! »

Publié le 20-01-2015 à 16h16 – L’obs le plus

LE PLUS. Depuis l’attentat de « Charlie Hebdo » et la prise d’otages de la Porte de Vincennes, faute de coupables à juger, tout le monde s’empresse d’en chercher….
leplus.nouvelobs.com|Par Dom Bochel Guégan



Charles Millon : « L’armée n’a pas pour vocation de remplacer l’école »

Charles Millon : « L’armée n’a pas pour vocation de remplacer l’école »

Par Eugénie Bastié

    • Publié
Charles Millon a été ministre de la Défense du gouvernement Alain Juppé, de 1995 à 1997.

Ministre de la Défense à l’époque de la suppression du service militaire obligatoire, Charles Millon analyse la possibilité du rétablissement d’un service national, prôné à l’heure actuelle par certains responsables politiques.

LE FIGARO: Lorsque vous étiez ministre de la Défense en 1997, vous étiez en charge du dossier de la réforme du service national. Vous avez prôné sa suppression, qui a eu lieu. Pourquoi?

CHARLES MILLON: Quand j’ai été nommé ministre au début, j’étais favorable à la conscription. C’est après trois mois d’études à la demande de Jacques Chirac que je me suis rendu compte que cette position était intenable, financièrement, et opérationnellement parlant. Nous sommes passés d’une armée de conscription à une armée professionnelle. Aujourd’hui, une armée de conscription serait inutile à la France pour faire face à ses engagements militaires. Ceux qui veulent être convaincus de la nécessité de cette réforme n’ont qu’à regarder toutes les opérations extérieures dans laquelle l’armée française est engagée aujourd’hui: au Mali, au Niger, contre l’État islamique en Syrie, nous avons besoin d’une armée réactive à la pointe des techniques les plus sophistiquées, qui soit capable par sa formation professionnelle et technique de répondre à une guerre de plus en plus asymétrique. La deuxième raison, c’est bien évidement le coût. A une époque où l’on parle d’une réduction des dépenses dans tous les secteurs, où ira-t-on prendre l’argent nécessaire?

Certains vantent pourtant la «mixité sociale» qu’on trouvait dans les casernes. Le service militaire ne permettait-il pas aussi de forger l’unité nationale?

A l’époque où l’on envisageait la suppression du service national, la mixité sociale avait déjà totalement disparu. Le «bas» était réformé, car 15% des jeunes étaient exemptés parce qu’ils étaient d’origine étrangère, qu’ils ne parlaient pas français, et que l’armée française n’avait pas les éducateurs pour intégrer ces jeunes. Il y avait aussi les 15% de «planqués» du haut, et les 70% autres avaient une affectation rapprochée et effectuaient un service militaire mixte entre leurs familles et la caserne. Les jeunes ne pensaient qu’à une seule chose: la quille.

L’armée n’est pas un idéal, c’est un moyen au service d’un idéal. On ne peut pas croire qu’en augmentant le nombre de soldats, on va gonfler le patriotisme français. Le rétablissement du service militaire est une idée sorti du carquois sous le coup de l’émotion, qui mériterait d’être davantage réflechie.

D’aucuns réclament son rétablissement, ou du moins l’instauration d’un «service civique obligatoire». Cela vous paraît-il réalisable?

La réponse du service militaire est inadaptée à la crise que traverse notre pays. Il n’y a plus aucune armée de conscription dans les démocraties libérales, hormis Israël qui est en état de guerre. Le problème n’est pas militaire, il est éducatif, et l’armée n’a pas pour vocation de remplacer l’école, elle ne peut pas avoir la charge d’encadrer la jeunesse de France. On ne peut pas avoir les moyens d’être à la fois une armée de combat et un centre éducatif. On ne va pas transformer l’armée en grand camp scout!

Le problème du service civique, c’est le coût. Qui va encadrer ces jeunes? Demandez aux militaires qui ont consacré leurs vies à ce métier s’ils ont envie de devenir éducateurs spécialisés!

Alors, quelle serait la solution pour répondre à la soif d’engagement des jeunes Français?

Une des solutions, qu’on avait proposées à l’époque, serait d’avoir une armée de réserve élargie sur la base du volontariat. Avant le service militaire, il y a les lieux d’éducation: la famille, l’école, et les mouvements d’éducation populaire, type scoutisme. L’autre solution serait donc de développer ces mouvements d’éducation populaire, de les subventionner en masse. Tous ces jeunes qui cherchent des «petits boulots» pendant l’été, envoyons-les nettoyer les forêts, restaurer les monuments historiques en ruines, ou partir à l’étranger faire du co-développement!

*Charles Millon a été ministre de la Défense du gouvernement Alain Juppé, de 1995 à 1997.




Boko Haram

Aboubakar Shekau, le chef de Boko Haram, déclarait le 24 août dernier, après la prise de la ville de Gwoza, où vivent 200 000 habitants : « Nous sommes dans le califat islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigeria. »

Le 13juillet, il avait déjà apporté son soutien à El-Baghdadi, le calife autoproclamé de l’État islamique.

Daech semble faire des émules africains, chez Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) comme chez Boko Haram, notamment dans l’utilisation des moyens de médiatisation.

Cependant, ces groupes terroristes,et particulièrement Boko Haram, ont-ils les moyens financiers et l’emprise territoriale suffisants pour atteindre à la dangerosité de leur modèle qui sévit à la frontière de l’Irak et de la Syrie ?

Fondée en 2002 dans le nord du Nigeria musulman par Mohamed Yusuf – qui a été éliminée n 2009 par la police – la secte Boko Haram s’est taillé depuis un fief dans l’État de Borno, grand comme la Suisse, à l’extrémité septentrionale du pays.

Il y contrôlerait actuellement 20 000 km2.

Ce qui s’y passe reste mystérieux : on évoque des fuites de la population dans la brousse, des tueries, des pillages et de recrutements forcés de garçons pour faire la guerre et de filles pour les marier.

Les femmes et les filles enlevées par le groupe islamiste Boko Haram, contraintes de se marier et de se convertir et sont victimes d’abus physiques et psychologiques, de travail forcé et de viol en captivité, selon un rapport d’Human Rights Watch publié le 27 octobre 2014.

Le groupe a enlevé plus de 500femmes et filles depuis 2009 et a intensifié les enlèvements depuis mai 2013,période à laquelle le Nigeria a imposé un état d’urgence dans les zones où Boko Haram est particulièrement actif.

On évoque aussi l’utilisation de femmes kamikazes.

Une guerre civile qui aurait déjà fait 5000 morts et 750 000 déplacés.

Ces dernières semaines, la secte a revendiqué deux attentats à Maiduguri et un à Kano, qui ont fait plus de 200 morts.

AKano, c’est la mosquée, dont le recteur avait appelé à prendre les armes contre le Nigeria, qui a été attaquée.

Le 1er décembre, ses combattants avaient lancé une vaste offensive sur le Damaturu, dans l’État de Yobé, tuant plus de 150 personnes, dont 44 membres des forces de sécurité.

En avril dernier, le rapt de 200 lycéennes à Chibok avait ému la communauté internationale.

Elles n’ont pourtant toujours pas été libérées.

De plus, la guerre s’étend : ces derniers temps, le groupe extrémiste tente de plus en plus de déstabiliser aussi l’extrême nord du Cameroun voisin.

Ainsi le 28 décembre, au moins trente personnes ont perdu la vie dans l’attaque par le groupe islamiste extrémiste Boko Haram d’un village dans le nord du Cameroun.

Paul Biya, le président camerounais, a mis du temps à sortir de son apathie.

Il a fallu que la femme de son vice-président se fasse enlever il y a quelques mois dans le nord pour qu’il commence à réagir.

L’armée camerounaise affirmait ainsi fin décembre que sa force aérienne avait bombardé un camp d’entraînement de Boko Haram situé dans la région frontalière et que 53 membres de l’organisation y auraient perdu la vie.

Le Cameroun a récemment envoyé de nombreux soldats et des unités spéciales à la frontière avec le Nigeria afin de stopper l’avancée de la secte islamiste.

Mais le véritable problème vient du Nigeria lui-même, pays divisé ethniquement et religieusement, mais surtout géographiquement.

Le sud riche en pétrole et majoritairement chrétien se soucie peu du sort des régions du nord.

Le président chrétien Goodluck Jonathan semble, lui, plus préoccupé par sa réélection en 2015 que par les événements du nord.

Sa décision de se représenter a tendu la situation un peu plus dans le pays.

Logiquement, selon une règle non-écrite,c’est un musulman qui devrait succéder au chrétien.

La faiblesse de la réponse des armées gouvernementales au péril Boko Haram tiendrait selon les observateurs à trois causes : la corruption à tous les niveaux, qui fait qu’avec un budget gigantesque, et jamais vu dans ce pays, de 5 milliards de dollars affectés à la sécurité, les soldats de base restent mal payés et sous-équipés.

Une cour martiale a ainsi condamné à mort 54 soldats accusés de mutinerie pour avoir refusé de participer à une opération contre Boko Haram.

On peut aussi subodorer le machiavélisme du président que cela arrangerait que les États du nord ne puissent pas voter.

Mais encore pire une insoumission de fait de l’armée, dont les officiers sont corrompus, et qui attendrait de remplacer le président par un homme plus proche d’elle.

Boko Haram ne peut que profiter de ce manque de combativité pour monter en puissance.
D’autant que la chute des cours du pétrole ajoute un peu plus de désordre encore.

Le détournement de brut est déjà estimé à 25 millions de dollars par jour, dans un pays dont 80% du PIB sont constitués par la rente pétrolière.

Le désengagement des États-Unis comme partenaire commercial, remplacés par la Chine, l’Inde ou le Brésil, est de mauvais augure.

Désormais, après la décision de l’OPEP de ne pas diminuer sa production, et un baril de pétrole qui pourrait atteindre les 50 dollars seulement, ce sont les pays consommateurs et non plus les producteurs qui dictent leurs décisions.

Le Nigeria est ainsi dans la main des BRICS qui recourent à son pétrole.

Pays le plus peuplé d’Afrique, géant démographique, le Nigeria a besoin plus que jamais de stabilité et de croissance pour nourrir sa population.

Or,la présence de Boko Haram ne se limite pas à une rébellion régionale qui concernerait uniquement le Nigeria, elle s’inscrit dans un mouvement de déstabilisation géopolitique beaucoup plus large.

Outre le mimétisme déjà évoqué vis-à-vis de Daech, Boko Haram est fortement soupçonné de constituer un débouché pour les armes venues de Libye, qui depuis la chute de Kadhafi ont servi à tous les mouvements terroristes ou autonomistes du Sahel.

Ces armes passeraient par le Tchad, comme celles de la Séléka qui avait livré la Centrafrique à la guerre civile.

L’ironie étant que N’Djamena, l’un des centres de commandement de l’opération Barkhane qui, sous leadership français, tente de contenir le terrorisme dans la zone saharo-sahélienne, se trouve à 40 kilomètres à peine du territoire contrôlé par la secte islamiste.

On peut craindre que Boko Haram  ne poursuive un triple objectif dans les mois à venir :

  1. Étendre son emprise sur le Nord Cameroun que l’armée camerounaise ne peut sécuriser ;
  2. Menacer la capitale tchadienne ;
  3. Tenter d’assurer la jonction avec les djihadistes libyens

Cette redoutable hypothèse expliquerait la toute récente décision du gouvernement tchadien d’intervenir dans le nord du Cameroun.

Cependant, outre le fait que Barkhane peine déjà à couvrir le gigantesque territoire qui lui a été assigné, le gouvernement nigérian n’a fait appel à aucune aide internationale pour régler le problème Boko Haram.

Mais début décembre, la secte s’est aussi attaquée à une cimenterie du groupe français Lafarge, au Nigeria.

Et le Cameroun a payé cher pour délivrer certains otages faits par le groupe rebelle, lui donnant un peu plus de moyens de s’armer.

La communauté internationale doit-elle accepter que se constitue au centre de l’Afrique, dans une zone déjà fragilisée, un nouveau chancre où s’applique la charia, mais où ont lieu aussi toutes sortes de trafics ?

Il serait temps de prendre le taureau par les cornes, avant que toute la région ne s’embrase.

Charles Millon




Service militaire obligatoire: Un serpent de mer qui a peu de chance d’aboutir

Service militaire obligatoire: Un serpent de mer qui a peu de chance d’aboutir
Des élus de tout bord voient dans le retour de la conscription l’une des solutions à la crise que traverse le pays…
20 minutes 19.01.2015 à 18:28

«Problème qui n’est pas militaire, mais éducatif»

Ministre de la Défense à l’époque de la suspension du service militaire, Charles Millon explique lui aussi l’«inutilité» d’appelés. «La réponse du service militaire est inadaptée à la crise que traverse notre pays», explique-t-il au Figaro. «Le problème n’est pas militaire, il est éducatif, et l’armée n’a pas pour vocation de remplacer l’école, elle ne peut pas avoir la charge d’encadrer la jeunesse de France», estime l’ancien ministre du président Chirac. L’école ou l’armée, telle est donc la question.

http://www.20minutes.fr/…/1520631-20150119-service-militair…

20minutes.fr



Après le 11 janvier: Définir l’adversaire

Nul n’est évidemment demeuré insensible à la tragédie que la France a vécu ces derniers jours, à travers ses 17 enfants tombés sous les balles de terroristes.

Les manifestations du week-end, en effet sans précédent dans l’histoire nationale, ont démontré combien la France a été touchée dans ses tripes.

On peut se féliciter bien entendu de l’ampleur de ce sursaut.

Reste cependant, si l’on veut garder la tête froide, à se demander contre qui l’on a défilé.

C’est-à-dire que nous devons enfin définir l’adversaire qui, lui, nous a déjà désignés comme tel.

Assistons-nous à une guerre de civilisation ? Oui vraiment, je le crois.

L’islamisme est un cancer qui a gangrené la moitié du monde, du Pakistan au Nigéria, de l’EI à Boko Haram, en passant par les talibans, mais aussi par les monarchies du Golfe.

Aujourd’hui, cet ennemi est aussi, il faut l’avouer, un ennemi de l’intérieur.

Nous autres européens de tradition judéo-chrétienne n’avons aucune envie de désigner à la vindicte quelque population que ce soit, car nous connaissons trop le fonctionnement du bouc-émissaire, qui a justement été dévoilé par le Christ lui-même dans sa mort sur la croix.

Et c’est justement pourquoi, et pour sauver notre monde, et pour protéger les musulmans, et les protéger d’eux-mêmes, que nous souhaitons qu’ils parviennent enfin à débarrasser leur religion des ferments meurtriers qu’elle comporte encore à l’évidence.

Nous ne pouvons agir à leur place.

Nous pouvons cependant, d’abord en France, mais aussi en Europe et dans tout le reste du monde occidental, les inciter à se réformer vraiment, et pas seulement en paroles, en bannissant enfin et définitivement la charia, en ce qu’elle comporte de lois insupportables, comme la lapidation, le meurtre pour apostasie, le voile des femmes, entre autres.

C’est ainsi que les musulmans pourront enfin intégrer pleinement la communauté nationale.