Charles Millon : « Eric Zemmour est arrivé au moment où il fallait »

Figure de la droite hors les murs, l’ancien ministre de la Défense porte un regard bienveillant sur le polémiste. Il juge que la recomposition politique n’est pas terminée.

Il a le sentiment d’avoir été un précurseur. Pionnier de l’union des droites aux régionales de 1998, Charles Millon avait été exclu de l’UDF pour avoir emporté la présidence de Rhônes-Alpes grâce aux voix du Front national. 23 ans plus tard, Eric Zemmour tente d’opérer l’union des droites par la base, agrégeant des anciens électeurs de François Fillon et de Marine Le Pen

Soutien de l’ancien Premier ministre en 2017, Charles Millon n’avait pas appelé à voter Emmanuel Macron au second tour de scrutin. L’ancien ministre de la Défense, apôtre d’une droite libérale et conservatrice, porte un regard bienveillant sur la candidature d’Eric Zemmour. Cette figure de la « droite hors les murs », fondateur de L’Avant-Garde en 2015, ne lui apporte pas (encore) son soutien. « Je suis en phase avec le point central du discours d’Eric Zemmour », confie-t-il toutefois. Son regard est plus sévère sur les trois favoris du Congrès LR, incarnation d’une « droite conformiste ». Entretien. 

L’Express : Les adhérents LR choisiront en décembre leur candidat à l’élection présidentielle. Vous avez soutenu la candidature de François Fillon en 2017. Que vous inspire cette compétition ? 

Charles Millon : Tout cela est terne. Le discours des candidats LR est convenu. Ils incarnent une droite institutionnelle, qui a peur d’elle-même et des mots. Cette droite manque de convictions, elle est conformiste. Ils commencent à peine à parler d’immigration car les Français le réclament, alors que le sujet est posé depuis près de trente ans. Je défendais le concept d’assimilation dès les années 70.  

Lors du premier débat télévisé, Éric Ciotti est toutefois sorti du lot. C’est le seul qui dit ce qu’il pense au lieu de dire ce qui est « convenable ». Les autres ne parlent pas assez de la France. 

Vous venez de Rhône-Alpes, la candidature de Michel Barnier ne vous emballe pas ? 

Il est tellement lisse. Il a opéré un revirement récent sur l’immigration et l’Europe. Ce n’est pas crédible. Il a été au coeur des institutions européennes pendant dix ans. Cette politique est aujourd’hui contestée par les électeurs, y compris par les autres candidats de droite. Sans juger de sa sincérité, on ne peut pas être un personnage multiple. 

Vous incarnez une droite libérale et conservatrice. Le congrès LR est-il orphelin de cette ligne, portée au sein de LR par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ? 

Je ne comprends pas leur renoncement. C’était leur heure, surtout celle de Wauquiez. Il a dirigé Les Républicains avant d’être mis sur la touche en raison des idées qu’il professait. Mais ces idées sont devenues centrales à droite ! En conséquence, Éric Ciotti préempte cette ligne politique. Il n’a pas le même statut que les trois favoris, mais son discours parle à la droite. 

Il y a un décalage entre l’offre politique de LR et les attentes de l’électorat de droite. En outre, on ne comprend plus ce mur installé entre ce que l’on appelle « l’extrême droite » et la droite classique. Ce mur n’existe dans aucun pays au monde, sauf en France. Il a été installé par François Mitterrand puis Jacques Chirac. Il n’a pourtant jamais été institué entre le PS et le Parti communiste, allié à une époque avec l’URSS. Il y a des idées inacceptables que l’on entend parfois au RN, mais établir un mur absolu n’a pas de sens.

Eric Zemmour tente aujourd’hui de casser ce mur. Près d’un quart des électeurs de François Fillon en 2017 sont tentés par un vote en faveur du polémiste. C’est votre cas ? 

Eric Zemmour répond à un besoin : celui de l’expression d’un certain nombre de jugements et d’analyses qui correspondent à la réalité. Quand il dit que la France doit rester une communauté nationale avec les mêmes idéaux et convictions, il a raison. Il est contre une société communautarisée, moi aussi. Je suis en phase avec le point central du discours d’Eric Zemmour. 

Sur le plan économique et social, il a repris un discours de la responsabilité et d’autonomie de la personne. C’est le discours classique des conservateurs sociaux-libéraux. Mais ce discours était étouffé par un discours technocratique en France et en Europe. 

Quand il affirme que la France est menacée de guerre civile, vous souscrivez à son analyse ? 

Le mot est un peu fort. Le pays est menacé de tensions intracommunautaires qui sont préoccupantes. On le voit dans un certain nombre de quartiers et de cités. Il faut une assimilation dans la communauté nationale de ceux qui viennent sur notre territoire. A défaut, la France va se morceler. Cela ne correspond pas à notre histoire.

Vous voterez pour Eric Zemmour en 2022 ?

On est à six mois de l’élection présidentielle, c’est trop tôt. Je suis avec intérêt ce qui se passe. Le moment venu, je prendrai position. J’ai plus le profil d’un joueur que d’un arbitre. 

En 2016, vous disiez sur TV Libertés; : « Il faut que le FN accepte de s’ouvrir aux dialogues avec d’autres formations politiques. [Et que] les autres formations politiques acceptent de dialoguer avec le Front national. ». Eric Zemmour n’est-il pas en train d »opérer cette union des droites, mais par la base ? 

Oui. C’est d’ailleurs la raison de son succès. Il est respectueux de tous les courants de la droite. Il expose les idées, mais n’a pas d’a priori. Certains candidats à la présidentielle disent « ça, jamais! » mais pourquoi ? Quand une idée est portée par un parti classique, on l’accepte. Quand elle est portée par le RN ou par Eric Zemmour, on la rejette par principe.  

Aujourd’hui, les électeurs de Fillon, du FN, de la droite hors les murs réalisent cette union des droites que les appareils ne veulent pas faire. Cela oxygène la vie politique et on va sortir d’un système qui favorise les extrêmes. Quand on rejette les gens par principe, on les extrémise naturellement. Prenez la Grande-Bretagne, pays avec un mode de scrutin à un tour. Il y a la gauche et la droite. Ces deux camps ont absorbé l’extrême gauche et l’extrême droite. Ce pays est un pays d’équilibre depuis des décennies. Nous faisons l’inverse : on cajole les extrêmes en les excluant au lieu de dialoguer avec eux pour prendre ce qu’ils ont de bon et enlever ce qui est mauvais. 

Certaines idées portées par Eric Zemmour ou le RN vous semblent inacceptables ? 

D’une façon générale, dans ma vie politique j’ai toujours refusé l’outrance et celle-ci n’a jamais été de mon fait. J’ai toujours rejeté tout ce qui touche à la dignité de la personne. Si tel était le cas un jour, je le ferais savoir

Après votre exclusion de l’UDF, vous avez fondé le mouvement « La droite », devenu « La Droite libérale-chrétienne. » Dans son ouvrage « Le livre noir de la droite », Eric Zemmour le décrivait ainsi : « Le premier parti de l’ère moderne, car bâti non plus contre les patrons, ni contre les ouvriers, mais contre les médias. Leur dictature moralisatrice, leur mépris de classe, leur unanimisme érigé en tyrannie du prêt-à-penser. ». Établissez-vous un parallèle entre vos parcours ? 

Ce n’est pas un parallèle. C’est un prolongement. Eric Zemmour est arrivé au moment où il fallait. Le monde politique français est en train de nourrir l’abstention, car il est tombé dans l’entre-soi. Quand les gens évoquent leurs problèmes, on les taxe immédiatement d’extrémisme. On l’a vu avec les gilets jaunes, qui ont été injuriés. Eric Zemmour affirme la réalité à sa manière, cela explique son succès. C’est la suite logique de ce qui s’est passé en 1998.  

Eric Zemmour affirme publiquement vouloir coaliser un électorat populaire et bourgeois.
Cela vous semble possible ?
 

Je ne suis ni communautariste ni sociologue. Quand je me présente à une élection, je ne regarde pas le statut social des gens. Je présente mes diagnostics et mes solutions. Quand il dit cela, c’est le Zemmour journaliste qui ressort par rapport au Zemmour politique.  

Il fait le pari que le sujet économique ne sera pas central en 2022… 

L’économie est passée au second rang. Le problème de la France n’est pas économique, il est de savoir qui on est. C’est quoi être Français ? Quel est le rôle de la France ? A force d’avoir oublié ces questions, on ne s’est intéressé qu’aux problèmes de ces techniques économiques. Il y a une envie de récit national, à droite comme à gauche d’ailleurs.  

Lors des années 90, vous qualifiez Jean-Marie Le Pen de « fasciste des années vingt égarés dans notre temps ». Quand Zemmour dépeint Pétain en sauveur des juifs français ou jette le soupçon sur l’innocence du capitaine Dreyfus, vous n’avez pas envie de transposer cette analyse au polémiste ? 

La vie politique française n’est pas l’analyse sociologique ou philosophique de l’histoire de France. Je ne suis pas emballé par ces retours sur l’histoire. Des gens sont chargés de cela. Eric Zemmour a une démarche fine sur ces sujets, mais elle n’est pas faite pour le débat public.  

Vous êtes l’apôtre d’une droite libérale et conservatrice. Elle a été incarnée par François-Xavier Bellamy lors des européennes de 2019. Elle n’a récolté que 8,5% des voix… 

Elle n’était pas assez transgressive, notamment sur l’immigration. J’aime beaucoup François-Xavier Bellamy, mais c’est un intellectuel. Il faut en politique des gens qui cassent la baraque. Je ne tire pas de conclusions politiques à long terme de cet échec des Européennes. Le courant de la droite conservatrice, libérale et d’inspiration chrétienne occupe la moitié de l’espace.  

Vous souteniez François Fillon en 2017. Il n’a pas d’héritier politique à droite ? 

Il incarne le début ce que termine Zemmour. Il a commencé à réunir différentes droites qui étaient chacune dans leur couloir. Il ne s’est pas enfermé dans la droite gaulliste comme l’a fait Juppé ou bonapartiste comme l’a fait Sarkozy. Zemmour profite de ce que Fillon a commencé. 

La droite est aujourd’hui menacée de défaite à la présidentielle. Si elle se confirme, ne pourrait-on pas assiste au retour d’un nouvel « UDF macroniste » et d’un nouveau RPR qui engloberait une partie de LR et du RN ? Les deux partis seraient cette fois adversaires… 

Je ne crois pas. Je pense qu’on va aller vers une évolution à la britannique. Un grand parti conservateur pourrait intégrer toutes les sensibilités de droite et un grand parti de gauche. Si on ne va pas là, le débat politique continuera de se dégrader. Dans cette équation, je place Emmanuel Macron à gauche. C’est un homme de gauche. La droite, c’est l’enracinement, le respect de la dignité de la personne, l’équité… Macron n’est pas de droite. 

Paul Chaulet

L’Express du 13/11/2021




Charles Millon : «Un service national d’un mois serait une mesure purement symbolique !»

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Il était Ministre de la défense lors de la fin du service militaire. Charles Millon assume et explique pourquoi l’armée n’est pas une «assistante sociale», tout en encourageant les mouvements d’éducation populaire qu’il juge plus efficaces qu’un service national au rabais.


Charles Millon a été ministre de la Défense du gouvernement Alain Juppé, de 1995 à 1997. Il a fondé en 2015 le mouvement politique «l’Avant-Garde».


FIGAROVOX.- Vous êtes le Ministre de la défense qui, sous la Présidence de Jacques Chirac, a initié et fait voter la suppression du service national. Est-ce une décision que vous regrettez aujourd’hui?

Charles MILLON.- Pas une seconde. La mission première d’une armée est la défense du pays, sur le territoire national et hors du territoire. Face à la montée des nouvelles menaces, face aux guerres asymétriques, face au cyber-terrorisme, c’est d’une armée de plus en plus technique et de plus en plus spécialisée dont nous avons besoin. La professionnalisation de l’armée que nous avons entreprise avec le Président Chirac était indispensable et a répondu à l’attente de l’ensemble de la hiérarchie militaire, largement consultée pendant de longs mois.

L’armée de métier ne peut pas être la variable d’ajustement des manquements d’autres acteurs de la société.

Je tiens à préciser que cette suppression du service national s’accompagnait d’un volet visant à renforcer l’éducation populaire associative: chantiers de réfections de monuments historiques, scoutisme, éducation par le sport… Après la dissolution de 1997, les gouvernements qui se sont succédé ont simplement renoncé à ce volet qui était une mesure d’accompagnement utile.

Dans le contexte actuel marqué par les attentats et la dissolution de l’unité nationale, êtes-vous d’accord avec Emmanuel Macron sur la nécessité de «refonder le lien entre l’armée et la nation»?

Non, dans cette expression on mélange tout. Je pense les Français très conscients de la qualité, la compétence et l’abnégation de leurs militaires – plus que jamais peut-être – et je crois que ce lien, loin d’être rompu, est au contraire renforcé.

Par contre, qu’il faille retisser des liens sociaux dans notre pays est une évidence: l’hyper-individualisme et l’ultra-matérialisme ambiants déchirent le tissu social et il y a urgence à y remédier. L’armée de métier, comme l’écrivait le Général de Gaulle, ne peut pas être la variable d’ajustement des manquements d’autres acteurs de la société ; elle n’est pas l’assistante sociale d’une France fragilisée.

Je suis favorable à la création d’un Pass d’éducation populaire qui aiderait les familles et les associations, et inciterait les jeunes à s’investir dans le bénévolat. Celui-ci se ferait en liaison avec les collectivités locales, pour agir au plus proche des personnes.

Le lien avec la jeunesse pourrait aussi se faire par une réforme ambitieuse de l’armée de réserve ; celle-ci pourrait largement doubler en passant des accords avec les entreprises (nous les avions négociés dès 1996…), pour permettre et inciter leurs jeunes salariés à participer à la réserve. Ce système est d’ailleurs mis en place dans tous les pays ayant supprimé le service national obligatoire.

Mais en renonçant à l’universalité du service national, ne perd-on pas une formidable opportunité de brasser toutes les couches sociales?

Le brassage social n’existait plus depuis longtemps, c’est une chimère de plus. La mixité et la cohésion sociale avaient peu à peu disparu: à un bout de la chaîne, tous ceux qui ne savaient pas lire ou n’arrivaient pas à s’intégrer étaient exemptés (environ 15 %) et, à l’autre bout un grand nombre des appelés arrivaient à trouver des postes pour rendre leur service national plus «doux», grâce à leurs relations. Enfin, la grande masse était affectée à côté de chez elle, près de sa famille et de ses amis, et continuait de vaquer à un certain nombre de ses activités.

Le service national ne participait donc plus du tout à la cohésion nationale.

Je crois que si le brassage doit se faire, et il doit se faire, c’est à l’Éducation nationale mais aussi aux territoires, aux mouvements de jeunes, et à d’autres pans de la vie sociale de s’en charger, pas à l’armée professionnelle dont le pays a plus que jamais besoin.

Le service national ne participait plus du tout à la cohésion nationale.

Que pensez-vous de la solution intermédiaire, celle du service civique obligatoire?

On parle d’un mois, à l’âge de 16 ans, c’est bien cela? On est dans le symbolique, et le Président de la République aime les symboles…

Cela me semble peu réaliste à mettre en œuvre concrètement. Si les jeunes n’y vont pas, va-t-on envoyer les gendarmes?

Je rappelle qu’à l’époque où le service national était obligatoire, on avait été obligé de réformer l’objection de conscience, tant les appelés renâclaient. Qui va rendre obligatoire un service civique? Et surtout, comment sanctionner en cas de non-respect de cette obligation? Tout cela est illusoire, et coûteux.

Le texte sur le site du Figaro




Europe : les leçons de l’Italie

Après une semaine de crise, le gouvernement d’alliance entre la Ligue du nord et le Mouvement 5 étoiles (MSS) a finalement été nommé le 1er juin, avec à sa tête Giuseppe Conte.
Pendant plusieurs jours, qui succédaient déjà à des semaines de tractation, le président de la république italienne Sergio Mattarella a refusé d’approuver la nomination de l’ économiste Paolo Savona, hostile à la monnaie unique, au poste de ministre de l’ économie.
La crise s’est dénoué quand la Ligue et le MSS ont accepté de présenter l’économiste Giovanni Tria à ce poste. Mais ces quelques jours, à n’en pas douter, auront encore un peu plus creuser l’écart entre le peuple italien et l’Europe.
Ce n’est certes pas la première fois que des élections nationales heurtent le cours du « fleuve tranquille » européen, et que le second prime finalement sur le résultat des premières : il suffit de se souvenir des référendums danois en 2000, irlandais en 2001 et 2008, néerlandais et français de 2005.
Dans chacun de ces cas, on trouva des arrangements institutionnels ou juridiques pour contourner la réticence des peuples.
Mais, avec le coup d’éclat du 27 mai du président de la république refusant la nomination de Paolo Savona et demandant à Carlo Cottarelli, figure indépendante et ancien du FMI de former un gouvernement, on a atteint un nouveau palier.
En effet, alors qu’au Danemark, aux Pays-Bas ou en France , seuls un ou deux des ingrédients de la crise démocratique qui frappent nos pays européens étaient identifiables, dans le cas italien, ils sont tous réunis : angoisse identitaire face aux flux migratoires massifs; inquiétudes sociales devant un modèle économique qui ne crée plus de richesses et les redistribue encore moins; rejet massif des élites politiques qui, malgré les alternances, se partagent le pouvoir depuis trois ou quatre décennies ; déni démocratique de ces élites de plus en plus décrédibilisées.
C’est ce carré magique de la défiance qu’il faut analyser pour saisir l’enjeu de ce qui se passe actuellement en Italie.

L’angoisse face aux flux migratoires

C’est peu dire que l’Italie a été aux avant-postes de la crise migratoire qu’a connu l’Europe ces dernières années.
Depuis 2014, elle a accueilli plus de 600 000 migrants, dont une majorité d’Africains. Certes, avec les accords signés avec les pays de transit (en particulier la Libye), le chiffre des entrées a commencé à décroître en 2017 (avec 119 000 nouveaux migrants contre 180 000 l’année précédente).
Mais la pression reste importante. Conséquence : la question migratoire qui ne préoccupait que 4% des Italiens en 2013 en inquiète 33% aujourd’hui (Eurobaromètre, novembre 2017).
Face à cette « ruée vers l’Europe » (titre du best-seller du journaliste français Stephen Smith paru en février 2018), les Italiens se sont sentis bien seuls et il est vrai que leurs partenaires n’ont pas fait preuve de beaucoup de solidarité.
Mais si les États-membres ont fait preuve d’égoïsme, il est également vrai que l’Union européenne n’a pas fait montre d’une grande volonté é de stopper les flux.
En 2016, Jean-Claude Junker invitait les peuples européens à « être plus accueillants ».
Le 27 mai dernier, il prévenait que la Commission veillerait « à la sauvegarde des droits des Africains en Italie ».
De telles déclarations ne peuvent que créer ressentiments et colères parmi les peuples européens.
Comme les autres habitants du continent, « les Italiens ne veulent pas être pauvres et étrangers dans leur pays », a averti l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin.

La peur du déclassement économique

Si la question migratoire a lourdement pesé dans les élections italiennes, c’est sur la question de l’euro que le bras de fer s’est engagé entre le président de la république et la Ligue du nord et le MSS, sortis vainqueurs des élections du 4 mars.
En arrière-plan, c’est toute la politique que ses adversaires appellent « de Bruxelles », « d’austérité », « néolibérale» ou de« l’Europe allemande » qui est en jeu.
Son rejet constituait le principal point de convergence de la Ligue du nord et le M5S.
Sans pour autant accorder un trop grand crédit aux propositions économiques de ces deux formations, il est permis de constater, dix ans après le collapse de 2008, que les politiques menées depuis sur le continent n’ont pas permis de ramener la croissance, l’emploi ni la prospérité.
De fait, 23% des Italiens risquent aujourd’hui de passer sous le seuil de pauvreté, une hausse de 3,5% en deux ans malgré le retour timide de la croissance (étude Bankltalia, mars 2018).
Retraités, étudiants, classe moyenne : comme ailleurs en Europe, le déclassement et la précarisation sont l’horizon de millions d’italiens.
La popularité de la proposition phare du M5S visant à créer un revenu citoyen (780 euros par mois) ne s’explique pas autrement. Et l’Union européenne est mise au banc des accusés – ainsi que Berlin.

Le rejet massif des élites politiques traditionnelles

Mais elle n’y est pas mise seule avec, troisième côté du carré magique de la défiance, le rejet massif des élites politiques traditionnelles.
En France, avec la quasi-disparition du Parti socialiste et l’effondrement de la droite à l’occasion de l’élection d’Emmanuel Macron, on a appelé ce mouvement le « dégagisme » : un coup de balais massif et brutal des responsables politiques qui gouvernaient le pays depuis des décennies (du moins en apparence…).
Partout en Europe, des partis nouveaux, que leurs adversaires qualifient de « populistes », émergent, sont aux portes du pouvoir ou l’exercent déjà. En Allemagne, avec 12,6% des voix, l’AfD a fait une entrée fracassante au Bundestag l’an passé.
En Italie, pays d’arrangements parlementaires et de combinazione entre partis, l’aspiration au changement était immense.
Malgré sa jeunesse et son énergie, Matteo Renzi, président du Conseil entre 2014 et 2016, n’avait pas réussi à faire oublier qu’il avait entamé sa carrière sous le parrainage du vieux Romano Prodi.
Silvio Berlusconi, trois fois président du Conseil, a 81 ans.
Et le terne Paolo Gentiloni gouvernait le pays depuis dix-huit mois à la tête d’un gouvernement de techniciens identifiés au « système » dont les gens ne veulent plus.
Matteo Salvini, patron de la Ligue du nord et nouveau ministre de l’intérieur, a 45 ans et Luigi Di Maio, tête d’affiche du M5S et désormais ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales, 31 ans.
Aussi incertaine qu’apparaisse leur alliance, le vent frais qu’ils font souffler sur la politique séduit un nombre croissant d’italiens.

Le déni démocratique de ces élites

Et cette séduction fonctionne d’autant mieux que les élites traditionnelles, largement décrédibilisées, osent des manœuvres qui entrent en contradiction flagrante avec le suffrage des citoyens.
En France en 2007, le vote par le Parlement du traité de Lisbonne, texte quasi-identique au traité constitutionnel rejeté par référendum deux ans auparavant, constitue assurément un « cancer » politique qui se prolonge et métastase.
En Italie, le coup de force du président Sergio Mattarella, vieux routier de la démocratie-chrétienne, quatre fois ministres ces trente dernières années, cherchant à faire nommer un président du Conseil dont les options diffèrent radicalement de ce qu’ont exprimé les urnes en mars dernier, s’apparente à ce déni.
Or, c’est donner de solides raisons aux citoyens de rompre définitivement avec l’élite qui ne l’écoute plus.
Quant au surplus un commissaire européen, l’Allemand Günther Oettinger en l’occurrence, se permet de déclarer que « les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter», il ne faut pas s’en étonner.
Charles Millon, ancien ministre de la Défense
Fondateur de l’Institut Thomas More (www.institut-thomas-more.org)
http://www.charlesmillon.org



UNE ILE QUI ETONNERA L’EUROPE

Le tandem Talamoni-Simeoni a gagné. Et la France avec.

Sous sa houlette, les Corses vont tenter de démontrer sans hargne, avec calme et détermination, qu’autonomie régionale et République peuvent rimer ; qu’il est possible de tester des expériences sans pour autant tout détruire et qui plus est, si ces expériences s’avéraient positives, elles pourraient être étendues à d’autres.

Qu’un territoire à l’identité si puissante puisse se ré approprier la gestion de sa culture, de son urbanisme ou de ses infrastructures est sain et permettra peut-être à notre Etat centralisateur de renoncer enfin à son attitude tutélaire , pour adopter une attitude contractuelle à l’heure où la mondialisation impose des structures plus souples et moins pesantes, pour aller de l’avant.
Cette France des autonomies à laquelle les Corses viennent d’ouvrir la porte pourrait signifier que le pays sort de l’adolescence ; qu’il est en route vers l’âge adulte ; qu’enfin il prêt à garantir une société de confiance.

Une route qu’avait déjà souhaité ouvrir, en 1969, le général de Gaulle avec son referendum sur la régionalisation. On connaît la suite : le dégagisme soixante-huitard ambiant a balayé et le vieil homme, et ses idées neuves.

Le témoin était repris par Gaston Deferre en 1981, tout juste nommé Ministre de l’Intérieur, qui dira de ses lois de décentralisation qu’elles accompagnaient un mouvement « irréversible ».

Plus tard, Michel Rocard enfoncera le coin en signant les accords de Nouméa dont nous verrons l’année prochaine qu’ils pourraient bien aboutir aussi à l’autonomie de la Nouvelle Calédonie.

Ce processus engagé il y a 50 ans va enfin porter ces fruits et notre système centralisateur parisianiste et étatique craqueler un peu plus…
Que ce coup porté émane de la Corse a quelque chose de savoureux :
De la Corse les Continentaux, au fond, aujourd’hui, ne connaissent plus grand chose.
Prosper Mérimée et sa Vendetta de Colomba, Astérix et ses flemmards ramasseurs de châtaignes ou Charles Pasqua et ses réseaux border line qui faisaient flirter politique et banditisme, ont fini par forger dans le subconscient national, l’image d’une Corse vengeresse, paresseuse et mafieuse…

Seul Bonaparte échappe à la règle et pour cause : son île était par trop petite pour assouvir son ambition démesurée et son encombrante famille y était, pour tout dire, presque persona non grata.…
Même plus, il est encensé.

Pourquoi, peut-être parce qu’il a participé à renforcer cette France monolithique et pyramidale tant prisée de l’iconographie républicaine !

Ainsi, on a oublié qu’au XVIIIè siècle la Corse était un modèle pour la France d’abord et pour l’Europe ensuite.
Que sa Constitution pensée, écrite, appliquée par Pasquale Paoli et qui a valu jusqu’en 1769 est plus ancienne que celle des Etats Unis d’Amérique, dont les pères fondateurs se sont largement inspirés.

Que les philosophes des lumières si prisés de la bien pensance citaient l’île comme la forme la plus aboutie de démocratie.

Jean-Jacques Rousseau écrivait « La valeur et l’insistance avec laquelle ce peuple a pu recouvrer et défendre sa liberté, mériterait bien que quelque homme sage lui apprit à la conserver.
J’ai le pressentiment qu’un jour cette île étonnera l’Europe »
Et si, pour une fois, il disait vrai ?
Charles Millon
Ancien Ministre de la Défense



Charles Millon : Comment l’Europe va t’elle assumer sa future défense ?

TV Libertés émission Porte Voix
Charles Millon : Comment l’Europe va t’elle assumer sa future défense ?

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=2OMv5ImUBR4]




Charles Millon : pourquoi le retour du service national est une fausse bonne idée

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=uM-z1Fd2IGw]




Après le Brexit, quelle Europe ?

Lorsque le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Union européenne au mois de juin, son peuple a fait un choix historique, celui de reprendre son destin en main, en refusant de continuer de le livrer à une bureaucratie bruxelloise qui s’est au fil des années arrogé des compétences qui n’étaient pas les siennes, contre l’avis des opinions publiques.
Le coût général, financier, économique, politique, culturel que constituera cette sortie solitaire pour notre voisin d’outre-Manche reste encore à mesurer.
Mais l’on peut déjà noter que l’apocalypse immédiate prévue par des analystes financiers n’a pas eu lieu.
Au contraire, pour l’instant, la réalité inflige un cinglant désaveu aux catastrophistes : sur le seul mois d’août 2016, l’indice PMI manufacturier (activité industrielle) a par exemple effectué un bond de 5 points, ce qui constitue un record historique pour le pays et signifie indirectement que son industrie embauche.
En outre, le Royaume-Uni a, au moins momentanément, retrouvé de la compétitivité grâce à la dévaluation de sa livre sterling, pas une seule institution financière n’a quitté la City et à peu près tout le monde est convaincu que le Brexit ne va pas beaucoup changer la donne pour le poumon financier du Royaume-Uni.
Les ventes au détail ont, elles, progressé en juillet de 1,4%, hausse solide qui indique au moins que les consommateurs n’ont pas paniqué après le référendum. Par ailleurs, la nouvelle Première ministre anglaise, Theresa May, a prévenu qu’elle ne notifierait pas à Bruxelles la volonté britannique de quitter l’Union avant l’année prochaine, le temps pour son gouvernement de préparer les négociations.
Cette sortie a donc toutes les raisons de s’effectuer en bon ordre – au moins du côté britannique.
Car c’est lui qui contrôle le calendrier.
Certes, beaucoup d’inconnues demeurent : on ignore si les barrières tarifaires feront ou non leur retour, si la City pourra continuer de travailler comme par le passé, si la liberté de circulation sera bientôt restreinte entre la Grande-Bretagne et le continent.
Reste que la principale question est du côté continental : l’Union européenne ne peut en effet éviter de s’interroger, plus que sur son avenir, sur son identité elle-même.
Que le Royaume-Uni n’ait pas été l’un de ses membres fondateurs – le Général de Gaulle s’opposant d’ailleurs longtemps à son entrée ; que le pays n’ait jamais adopté la monnaie unique, ce Brexit témoigne tout de même de la défiance des citoyens et même de nombre d’Etats aujourd’hui pour le monstre centralisé qui prétend depuis Bruxelles régir chaque détail de la vie quotidienne de ses membres.
C’est ainsi que la réforme en profondeur de l’Union européenne s’impose aujourd’hui plus que jamais. Mais elle réclame une révolution de la pensée : il faut revenir à un vrai pragmatisme, aux réalités qui sont précisément faites de ce que l’on peut mettre en commun.
Il faut définitivement abandonner l’Europe idéologue que des hommes comme Jacques Delors ont bâtie, refilant le virus français du jacobinisme au continent entier, quand c’était tout à l’inverse qu’il fallait procéder, selon d’ailleurs les volontés mêmes de ses fondateurs, grands adeptes de la subsidiarité, en commençant par le bas.
Car l’Europe, par son histoire, par sa géographie, par sa philosophie n’est forte que de sa diversité, de ses particularités, qui se nouent, se complètent et se fécondent dans des projets communs réclamés par les circonstances, et valables pour un temps donné.
Faut-il encore une fois rappeler les éclatants succès d’Airbus ou d’Ariane, nés de la volonté conjointe de nations européennes indépendantes, et qui n’eurent nul besoin d’une commission européenne technocratique pour éclore ?
Alors qu’il nous faudrait une Europe aux cent projets, la vérité, c’est qu’aujourd’hui l’Europe est plus centralisée que les Etats-Unis.
Et une centralisation qui comme d’habitude produit l’effet inverse de ce pour quoi elle a été vantée : la défense européenne n’existe pas, et c’est par des accords bilatéraux, comme ceux de Saint-Malo signés par les Français avec les Britanniques que ses armées nationales peuvent travailler ensemble.
La sécurité européenne commune est défaillante.
Les économies se heurtent et s’entrechoquent, liées par une monnaie unique quand leurs fondamentaux en sont pas les mêmes.
L’Europe est ainsi à refonder, ne serait-ce que pour ressusciter l’amour que ses citoyens purent nourrir pour elle au lendemain des conflits qui l’ensanglantèrent.
Mais ses dirigeants croient-ils qu’ils y parviendront en continuant de bafouer les votes populaires, faisant revoter ceux qui n’avaient pas donné la bonne réponse, ou parfois même comme avec le Traité de Lisbonne, ignorant ces votes ?
L’Europe des pères fondateurs avait été voulue pour créer une paix durable.
Ce n’est plus aujourd’hui la question : la paix est là, ancrée dans les cœurs des Européens, qui savent que le danger ne vient plus du pays voisin, mais paradoxalement de plus loin et de plus près en même temps.
Car cette Europe qui a aboli ses frontières intérieures, non seulement ne défend pas ses frontières extérieures, mais en a laissé se construire d’autres, invisibles mais réelles, en son sein.
Frontières sociales, avec une augmentations des inégalités économiques, mais aussi frontières communautaires, ethniques, religieuses, l’afflux de migrants décidé par Mme Merkel faisant l’affaire des grands entrepreneurs mais pas celle des peuples qui vivent une véritable crise d’identité.
C’est d’ailleurs l’un des motifs fondamentaux du Brexit que cette crise, par où les Anglais ont décidé de reprendre le contrôle de leurs frontières et de leurs lois.
Il n’est pas si étonnant que le Royaume-Uni, avant-poste de la mondialisation, ne la conçoive plus sous drapeau bruxellois.
Cette défection est inquiétante pour le projet européen, mais nos élites auraient tort de vouloir y répondre comme d’habitude par plus de centralisation.
Il s’agit, encore une fois, de rendre au contraire le pouvoir à la base, aux communautés, aux nations, de laisser libre cours à l’expérimentation, à l’initiative locale, aux grands projets sur la base du volontariat, bref, de prouver que l’Europe est bien le continent des hommes libres.
Charles Millon
Ancien Ministre de la Défense
Président de l’Avant Garde



TV Libertés

https://www.tvlibertes.com/2016/09/19/10331/charles-millon-rompt-le-silence-entretien-exclusif

Charles Millon rompt le silence : Entretien exclusif

Charles Millon est ancien ministre. Il a été ambassadeur, maire, député, président de groupe à l’Assemblée nationale, président de Conseil régional… mais depuis plusieurs années, il s’est tourné vers la réflexion et les propositions, notamment avec la création du réseau collaboratif “L’Avant-garde” ou d’un think tank de droite en compagnie de personnalités comme Charles Beigbeder. Très fin connaisseur des droites françaises, Charles Millon rompt un long silence médiatique pour répondre aux questions d’Elise Blaise. Il donne son point de vue sur Alain Juppé dont il a été le ministre, sur les Républicains et le Front national. Personnalité de la “droite hors les murs”, l’ancien ministre revient aussi sur la politique étrangère de la France et sur son intervention sur le théâtre militaire syrien.




Communiqué de presse: Saint-Etienne-du-Rouvray

La guerre est totale entre les terroristes musulmans et notre civilisation judéo-chrétienne.

Hier à Saint-Etienne-du-Rouvray, ils ont montré une nouvelle facette de son visage : l’ennemi pour eux, c’est la chrétienté.

Avant hier, nous avons fêté le premier martyr apôtre avec Saint Jacques, aujourd’hui nous avons sur la terre de France le premier martyr de cette guerre engagée par DAECH.

À nous de prendre nos responsabilités pour que cette guerre ne se généralise pas. À nous d’engager toutes les mesures pour que cette nouvelle idéologie totalitaire qu’est l’islamisme radical ne puisse avoir de nouveaux adeptes prêts à donner leur vie pour tuer et semer la terreur révolutionnaire.

À nous d’expulser ou d’interner tous les imams qui prêchent cette idéologie dans les mosquées, les écoles coraniques ou les centres culturels musulmans.

À nous de demander des explications et si nécessaire de suspendre nos relations diplomatiques avec tous les pays qui financent directement ou indirectement cette bête immonde qu’est DAECH.

À nous de faire pression sur Recep Tayyp Erdogan pour qu’il ferme effectivement la frontière avec la Syrie, sans quoi il se rend gravement complice du terrorisme islamique.

À nous de conclure une vraie alliance au travers d’un pacte avec tous les pays qui subissent aujourd’hui l’agression armée de DAECH ou de ses filiales telles que Boko Haram, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.

À nous d’offrir à ces pays non seulement un soutien militaire, comme le fait d’une manière admirable la France au Mali et dans toute cette région d’Afrique.

Mais aussi un programme de développement économique, social et culturel. A nous de demander aux responsables musulmans français de condamner solennellement ces horreurs et tout texte appelant à la violence et au meurtre.

À nous d’interdire la vente d’ouvrages appelant au djihad et de fermer les sites djihadistes en libres accès sur le territoire.

À nous d’engager d’une manière extraordinaire un soutien aux chrétiens d’Orient qui sont aux avant-postes pour défendre notre civilisation et nos convictions spirituelles.

Sur le plan national, à nous de prendre toutes les mesures qui s’imposent :

  • le rétablissement urgent des frontières nationales et la sortie de l’espace Schengen,
  • le renforcement du renseignement de proximité,
  • l’internement préventif de tous ceux qui sont complices de l’ennemi,
  • le renforcement d’une réserve qui prêtera main forte à nos forces armées et en particulier à la gendarmerie dans sa lutte contre le terrorisme islamiste,
  • la réforme du code de la nationalité par la suppression du droit du sol, de l’acquisition de la nationalité française par mariage et par la déchéance de nationalité des terroristes binationaux.

Aujourd’hui ce n’est plus l’heure du débat et de l’hésitation. Nous avons dénommé l’ennemi, nous lui avons déclaré la guerre, maintenant prenons les moyens pour la gagner. Il en va de la survie de notre civilisation.

Nous croyons profondément en la force des valeurs qui ont fondé l’Occident chrétien et dans ce combat civilisationnel qui est engagé, nous sommes persuadés qu’elles triompheront de la barbarie islamiste.

Car la vie aura toujours le dessus sur l’instinct de mort et l’espérance vaincra les puissances des ténèbres.

Charles Millon
Ancien Ministre de la Défense
Président de l’Avant Garde



Nommer l’ennemi ?

Tout le monde est aujourd’hui d’accord avec l’axiome que nous défendions il y a des années déjà, selon lequel « il faut nommer l’ennemi », et chacun le répète à l’envi.
Mais peut-être ne comprennent-ils pas ce qu’implique cette capacité à nommer : une fois que l’on a parlé du terrorisme islamiste, de la radicalisation d’habitants du territoire français sous l’emprise d’imams dégénérés, et de l’État islamique comme agent extérieur, il s’agit surtout de comprendre comment cet ennemi agit, pour lui couper les ailes et à terme le détruire entièrement.
Il faut bien entendu poursuivre la guerre, la vraie, celle qui se déroule sur le théâtre du Proche-Orient, en Syrie et en Irak, mais aussi en Libye – où trois sous-officiers viennent de tomber pour la France – au Mali toujours, enfin sur cet axe gigantesque qui s’étend du Nigéria au Pakistan.
Cette mission admirable, la France l’accomplit, quasiment seule en Europe, aux côtés des Etats-Unis, et le monde entier devrait lui en être redevable.
Cependant, la protection du territoire national est naturellement la première des priorités.
A ce défi, et face aux actes de barbarie qui s’y déroulent régulièrement depuis quatre ans, depuis les assassinats commis par Mohamed Merah, les gouvernements successifs ont trop mal répondu.
La désorganisation des services de renseignement par Nicolas Sarkozy en 2008 est l’une des causes fondamentales des erreurs de jugement qui ont permis la prolifération de ces actes.
De même, la baisse du nombre de policiers et de militaires engagée sous son quinquennat résonne douloureusement aujourd’hui. Sans oublier la fin de la double peine.
La gauche au pouvoir depuis quatre ans n’est pas en reste : par idéologie, elle a dépouillé la justice de ses moyens, laissant passer entre les mailles du filet punitif ces condamnés de droit commun que sont tous les terroristes.
Elle s’est refusée, encore par idéologie de soumission, à fermer les mosquées signalées pour leurs prêches radicaux, s’est refusée à expulser des imams réputés pour leurs appels à la haine, n’a pas pris les mesure de contrôle des frontières qui s’imposaient, non seulement devant la vague immense de réfugiés, mais de manière générale contre une immigration structurellement incontrôlée.
Elle a désarmé moralement la France, culpabilisant ses citoyens et empêchant la moindre remise en cause d’une religion devenue folle, l’islam.
Enfin, la destruction systématique de l’éducation, nationale et populaire, de la culture française, entreprise depuis quarante ans, ne pouvait que laisser pantelants et honteux des Français à qui l’on inflige aujourd’hui la double peine : la mort et le déshonneur.
Il n’est pas encore trop tard pour réagir, quoique la colère monte chez nos compatriotes contre ces hommes passés du côté de l’inhumanité et de la barbarie. Mais nommer l’ennemi voudra toujours dire aussi : ne pas lui ressembler.
La France possède la force de se défendre. Elle doit le faire dans l’ordre, l’intelligence et la justice. Car le désordre et la vengeance n’engendrent qu’eux-mêmes.
Les réponses ne manquent pas et il faut les appliquer avec la sévérité qu’exigent les circonstances : fermeture de toutes les mosquées dites radicales, expulsion des imams qui prêchent la guerre et le fanatisme, contrôle des frontières avec suspension de Schengen si nécessaire, limitation de l’immigration légale, fin de l’immigration illégale, révision du code de la nationalité, déchéance de celle-ci pour les binationaux convaincus de projets d’entreprise terroriste, rétablissement de la double peine.
Mais encore et surtout dans le fond : sortie du Conseil de l’Europe pour se soustraire aux arrêts iniques de la CEDH ; réarmement de la justice ; reconstruction de l’école et de l’éducation populaire ; enfin, renouveau de l’éducation populaire pour refaire des Français.
Un long travail et une lourde tâche, auxquels nous ne pourrons nous dérober.
Charles Millon
Ancien ministre de la défense